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12 avril 2018

ANTI-PUCES POUR ANIMAUX, DANGER CHEZ L'ENFANT



Les insecticides utilisés dans le traitement des puces des animaux de compagnie sont en majorité à base de pesticides neurotoxiques. Autant de substances qui peuvent être dangereuses pour les chiens et chats eux-mêmes et surtout chez les enfants qui cohabitent avec eux.







Lorsque des enfants caressent leurs animaux de compagnie, il y a toutes les chances qu'ils se contaminent les mains avec ces produits chimiques qui peuvent être absorbés par voie transcutanée ou aussi par voie orale, lors du portage à la bouche. Les animaux prennent facilement l'habitude de se frotter ou se rouler sur les tissus (canapés, fauteuil, moquette, tapis, lits...) pouvant y déposer une partie des insecticides que l'on vient de leur administrer. Or les bébés qui ne marchent pas ou encore très peu, sont le plus souvent assis, à plat ventre ou à quatre pattes et passent leur temps à porter à la bouche tout ce qui leur tombe sous la main.

Que contiennent ces produits insecticides ? 


1. Les plus courants (sous forme de pipettes, sprays, colliers anti-puces) sont des molécules de la famille des carbamates et des organophosphorés.  Ces produits peuvent être mortels pour les chats et petits chiens car ce sont des agents neurotoxiques (agissant sur les neurotransmetteurs). 

L'exposition aux pesticides organophosphorés peut se faire par ingestion, inhalation, ou voie transcutanée. Heureusement, ces molécules ne sont pas bio-persistantes puisqu'elles sont éliminées par voie urinaire dans les 48h suivant l’exposition. Mais une exposition chronique et prolongée est sûrement plus à risque. Les pesticides organophosphorés les plus courants ont pour dénomination chimique: malathion, parathion, chlorpyrifos, dichlorvos, phosmet ... et pour la famille proche des carbamates: aldicarbe, carbaryl ou propoxur...

2. La seconde famille d'insecticides qui pose problème est celle des pyréthrinoïdes, également neurotoxiques. Ils sont également facilement dégradés et peu persistants dans la nature. Ils ont pour dénomination: allethrine, cyperméthrine (Super CIMETROL), perméthrine (ECTOLINE, FRONTLINE, PUCID...), deltaméthrine (SANITERPEN DK choc), tétraméthrine (FRANCODEX)... Une exposition chronique aux pyréthrinoïdes chez l'homme n'a pas montré d'effets toxiques majeurs. Par contre, le jeune enfant y est surement plus vulnérable. Une étude de l'INSERM de 2015, portant sur une cohorte de presque trois cents couples mère-enfant, a mis en évidence chez les enfants exposés vers l'âge de 6 ans, un risque délétère du développement neurologique avec une "baisse significative des compétences cognitives" (1).



3. Autre molécule insecticide dangereuse en cas d'exposition
chez l'enfant, le fipronil (retrouvé dans les marques vétérinaires            FRONTLINE Combo, FIPROKIL, FIBROSPOT, EFFITIX, EFFIPRO, DUOFLECT, TICK-PUSS...). Cette substance avait également été commercialisée comme insecticide agricole des semences (REGENT), puis interdite par la commission européenne en 2013 du fait de sa forte toxicité chez l'abeille. Un scandale plus récent a mis en évidence des traces de cette molécule dans certains œufs, laissant à penser qu'elle est encore utilisée "sous le manteau". 

 
Une étude de 2014, réalisée par l’association Générations Futures, avait effectué des dosages de pesticides dans les cheveux d’enfants. Ces résultats montraient une exposition très importante au fipronil pour les familles utilisant des antiparasitaires chez leurs animaux de compagnie (2)

C'est surtout une exposition chronique et prolongée chez de jeunes enfants par ce type de molécule qui pourrait être dangereuse. Le fipronil est classé cancérigène possible par l’Environmental protection agency (EPA) américaine. Tout récemment, une étude a mis en évidence, chez le rat, l'apparition de modifications du tissu cérébral semblables à celles de la maladie d’Alzheimer lors de contacts avec le fipronil et/ou son dérivé (3). "Cette nouvelle découverte doit absolument et urgemment conduire les autorités à se demander s’il ne serait pas temps de réévaluer l’autorisation du fipronil dans les produits pour animaux domestiques", écrit le toxicologue J.M. Bonmatin, du CNRS et vice-président du groupe de travail international sur les pesticides systémiques (TFSP). 
   
Une interdiction de nombreux colliers anti-puces avait été prise en 2012 par l'ANSES (4) du fait "des risques potentiels en cas d'exposition chronique, sur le long terme, par voie cutanée chez l'utilisateur et plus particulièrement chez l'enfant". Il serait à présent souhaitable que les insecticides vétérinaires anti-puces dont le contact indirect avec la population infantile est dangereux soient désormais aussi proscrits. Plus on est exposé jeune à ce type de molécules, plus cela peut avoir des conséquences sur le neuro-développement. C’est pendant la vie intra-utérine et les premières années de la vie que se construisent le système nerveux et le cerveau.


A signaler que certains traitements anti-poux avaient contenu jusqu'à fin 2018 des insecticides interdits chez l'animal, à base de malathion ou de pyréthrinoïdes. Le traitement efficace de la pédiculose repose désormais sur l'utilisation de traitement physiques à base de diméticone (POUXIT, DUO LP) qui étouffent les parasites. Ces molécules sont plus efficaces et sans danger pour l'enfant.

Existe-t-il des alternatives anti-puces moins dangereuses ?

La recherche de puces, lorsqu'une animal se gratte trop souvent, peut d'abord être réalisée par un brossage en extérieur, avec un peigne à dents serrées trempé dans de l'eau chaude vinaigrée que l'on passe dans le sens du poil de façon quotidienne jusqu'à disparition des insectes et des œufs. Il existe en complément des produits naturels à base de plantes ou d'huiles essentielles (néem, géranium, palma-rosa, citronnelle, lavandin...) mais qui ont seulement une action répulsive (insectifuge). 

Certains recommandent le pyrèthre mais il faut mieux éviter ce produit dont la molécule active, la pyréthrine, est similaire aux insecticides à base de pyréthrinoïdes. L'arbre à thé en usage prolongé peut avoir un effet hormonal œstrogénique et n'est donc pas non plus recommandé.

Il existe aussi un traitement physique qui utilise le dioxyde de silicium issu du broyage de diatomites (roches siliceuses contenant des micro-algues marines fossilisées, les diatomées). Cette poudre, connue sous le nom de "kieselguhr" ou terre de diatomée (5), peut servir d'insecticide naturel, ayant une action purement mécanique sur certains parasites (puces, cafards, punaises de lit, chenilles, pucerons...).

A signaler enfin deux molécules à usage externe intéressantes:


 - le diméticone est une huile au silicone qui englue les parasites et les étouffe. Ces produits (VITA STOP, BOB MARTIN Vetcare, DIMETHICARE, TRIXIE) sont sans danger pour l'animal et l'enfant. Ils n'ont aucun impact négatif sur l'environnement. 

- La sélamectine (STRONGHOLD Pfizer, REVOLUTION) est un produit antiparasitaire à appliquer en pipette ("spot-on") sur la nuque et qui agit électivement sur le sytème nerveux et musculaire des parasites invertébrés. Cette molécule est donc inactive chez les animaux domestiques ou l'homme, à moins de surdosages massifs.





Enfin ne pas oublier de nettoyer soigneusement l'habitat pour supprimer les puces ainsi que leurs œufs, larves et cocons qui affectionnent particulièrement les coussins, les lits et bien sûr les lieux de couchage de l'animal. 







Dominique Le Houézec



1.VIEL JF. Pyrethroid insecticide exposure and cognitive developmental disabilities in children: the Pelagie mother-child cohort. Environment International. 2015, 82: 69-75           
2.GENERATIONS FUTURES - Avril 2014 : Quelles expositions des enfants aux pesticides perturbateurs endocriniens ?
3.CAM M. Induction of Amyloid-β42 Production by Fipronil and Other Pyrazole Insecticides. J Alzheimers Dis. 2018; 62:1663-1681
4.ANSES. 17.04.2012 : L'Anses retire l’autorisation de mise sur le marché de certains colliers antiparasitaires destinés aux animaux de compagnie 
5.CONSO-GLOBE : Terre de diatomée : 9 utilisations astucieuses




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